Medialab Factory.

Au fil des ans, les plateformes évoluent, se modernisent mais après tout, TikTok n’est pas très différent de Snapchat ou d’Instagram, tout comme Twitch ne l’est de Youtube. Ces applications ont des algorithmes et des principes fonctionnels relativement proches. Les experts vous diront que non mais il y a des likes, des commentaires. Les interactions entre les membres se font de manière textuelle principalement, délinéarisées la plupart du temps. Avec Clubhouse, c’est pour l’instant différent. Il n’y a pas de likes et les discussions sont lives et audios. C’est vraiment authentique et rafraîchissant. Je vous propose de prendre de la hauteur, réfléchir en terme d’interactions sociales, de liens humains et de types de plateforme.

🔴 Le monde du social média vient de changer

En Octobre, un innovation strategist m’a demandé quelle était pour moi l’innovation digitale qui allait changer le monde des médias. J’avais répondu que TikTok était un véritable outil de création rempli de possibilités pour les créateurs et les marques. L’application est très bien ficelée pour que la prise en main soit simple. Mais on ne peut pas parler de disruption, malgré une excitation certaine des medias pour l’application. C’est une belle plateforme pour créer du contenu moderne plus ou moins facilement et le partager avec son audience. Mais non, TikTok ne va pas révolutionner le monde des médias. Enfin pas pour l’instant, même si l’application débarque en ce moment même sur les téléviseurs connectés.

🔴 Une (vraie) claque

Voilà l’idée qui me vient à l’esprit lorsque je veux résumer la sensation que j’ai eu en découvrant Clubhouse: la Social Audio est un véritable changement de paradigme en terme d’interactions sociales sur le web. On retrouve le moyen de discuter simplement avec des inconnus ou des personnalités dans des rooms et cela en temps de pandémie c’est vraiment cool. Pour moi, on peut réellement parler d’innovation voir même de disruption. Certains retrouvent l’esprit de départ de Twitter, mais je remonte encore plus loin dans le temps. Pour ma part, j’ai retrouvé la même sensation qu’en 1994 lorsque j’avais découvert les chats IRC HTML avec les fondateurs de Alyon.

Avec l’arrivée d’internet, cette capacité que nous avions à l’époque de communiquer par texte, avec notre voisin de palier ou avec le monde entier sans distinction m’avait vraiment bluffé. Cela avait donné des perspectives d’ouverture au monde pour bon nombre d’entre nous. Souvenez-vous, à l’époque, les SMS étaient vendus par pack de 50 et les moyens de communication autres que le téléphone et la carte postale n’étaient pas accessibles facilement, les mails étaient réservés aux initiés, la CB n’était pas très répandue (à part chez les routiers et les taxis). Bref, c’était vraiment un nouveau monde. Avec la Social Audio, c’est la même chose. Vous allez découvrir de nouvelles interactions sociales sur le web et trouver de nouveaux moyens d’interagir avec vos audiences.

Bien sûr, si les possibilités de Clubhouse sont excitantes, c’est surtout sa capacité à créer un lien fort entre ses membres qui m’a le plus marqué. La discussion se fait instantanément, de manière très simple et sans contrainte, quelques soient les personnes avec qui vous parlez . Lorsque vous montez sur « scène », la bienveillance et l’écoute règnent. Espérons que cela dure.

Pour l’instant, on côtoie aussi bien des entrepreneurs de la Sillicon Valley, des buisness angels, des spécialistes de la Street food, des créateurs de contenus, des personnes dans le retail, le marketing, des podcasters, des journalistes, des artistes ou même des humoristes.

🔴 Le lapin tueur du social media

J’ai découvert cette image en écoutant les conférences de Philippe Méda il y a quelques années au BlendWebMix et c’est peut-être celle qui illustrerait plutôt bien l’arrivée de Clubhouse (et de la Social Audio de manière générale) dans l’univers du social média.

Pour rappeler le contexte, la startup a fait sa première levée de fonds avec 1500 utilisateurs seulement en Mai 2020. Elle est désormais valorisée à 1 Milliard de $. Une ascension fulgurante, non ? Mais ce n’est pas le plus intéressant.

Tout le monde s’accorde à le dire: ce qui marque le plus c’est la simplicité avec laquelle les liens se créent entre les utilisateurs de la plateforme via des discussions audios. C’est une expérience dingue, surtout en période de pandémie où les interactions sont difficiles et souvent masquées. Après Twitter, c’est au tour de Facebook de s’intéresser à la Social Audio et de préparer sa riposte.

Sur Clubhouse, on s’affranchit des fuseaux horaires. Il ne sera en effet pas rare de faire des discussions avec des personnes aux quatres coins de la planète. Je prends pour exemple cette discussion à 1h du matin avec un québecois et une française habitant à Melbourne. C’est improbable, C’est Clubhouse 🙂

🔴 Le point noir, les données personnelles

Une fois connecté à l’application, après quelques heures d’utilisation vous serez tentés d’inviter l’un de vos contacts. Pour cela, cela vous allez devoir autoriser l’accès à votre carnet d’adresses. Sans cela, il est impossible de co-opter l’un de vos amis. L’application collecte donc l’intégralité de votre carnet d’adresses ce qui crée un graphe social assez précis des utilisateurs. Sans invitation, si l’un de vos contacts essaie de s’inscrire, vous recevrez une notification qui vous indiquera que vous avez la possibilité de valider son inscription. Petite précision, votre nom apparaitra sur son profil. Le lien entre les utilisateurs est affiché aux yeux de tous.

Partez aussi du principe que tout ce qui ce dit sur Clubhouse est public. La plateforme enregistre toutes les conversations de manière temporaire à des fins de modération. Il n’y a donc pas de notions de confidentialité sur Clubhouse, même dans une room privée.

Une équipe de chercheurs a découvert que le gouvernement chinois pouvait accéder aux données des utilisateurs Clubhouse. Autre point qui interroge vraiment depuis la dernière mise à jour : la présence du paramètre « Autorisation au réseau local » dans les réglages de l’iphone. A quoi cela pourra-t-il bien servir ?

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Sébastien Meunier

Sébastien Meunier

Pendant plus de 20 ans, j’ai conçu, réalisé et piloté de nombreux projets liés aux offres numériques et à la transformation de France Télévisions. Mon intérêt pour l’innovation et les nouveaux médias m’a poussé au fil des ans à anticiper les nouveaux modes de narration.

Je lance désormais Medialab Factory, mon activité de conseil en stratégie nouveaux médias pour faciliter leur prise en compte et leur mise en oeuvre dans votre entreprise.